La Côte des Légendes vous dites ?
Sur la Côte des Légendes, chaque pierre, chaque arbre, chaque source est habitée par une histoire. Contées par les anciens ou trouvées dans les livres, anecdotiques ou religieuses, en français ou en breton… on les adore ! Ces légendes amusent, intriguent, font parfois peur et surtout, racontent l’histoire de notre pays. Nous allons commencer notre voyage dans ce monde légendaire par la plus célèbre d’entre-elles, celle des naufrageurs.
Les naufrageurs
De la légende...
La légende nous raconte l’histoire d’un peuple : les Paganiz, des êtres indépendants, indisciplinés, insoumis voire rebelles. Il est dit que ces hommes et ces femmes accrochaient, de nuit et par mauvais temps, des lanternes aux cornes des vaches, pour provoquer la perdition des bateaux qui voguaient au large. On dit aussi que lorsque les navires s’échouaient sur la grève, les Paganiz tuaient les éventuels survivants et rejetaient leurs cadavres à la mer après les avoir dépouillés de tous leurs biens.
L’historien Michelet relatera même en 1831 qu’ils n’hésitaient pas à « arracher une bague au doigt d’une femme qui se noyait, à lui couper avec les dents ». Une légende sanglante était née…
Les naufrageurs
... à la réalité
Une légende cependant infondée, qui n’a jamais été démontrée ni par les historiens, ni par des capitaines de navire. La seule chose réellement prouvée dans cette histoire est la pauvreté de ces personnes, qui les amenait à piller les navires échoués sur les plages. De plus, très rocheuse, il ne faut pas beaucoup d’imagination pour se convaincre que la côte du pays Pagan est propice aux naufrages. En bref, les naufrageurs ne seraient qu’un fantasme né d’un fait historique et culturel : le pillage des épaves.
Les naufrageurs
Ou du cousin de Frankenstein à l’écolo avant l’heure
Les naufrageurs sont donc une légende popularisée notamment par les artistes romantiques du XIXe siècle. Le pilleur est devenu sous leurs plumes un être à chaque détail plus sordide. Un peu « dark » et plus attirés par le fantastique que soucieux de réalité historique, c’est également à eux que l’on doit les personnages de Frankenstein ou encore de Dracula. Et puis, ne devrait-on pas plutôt les remercier, ces paganiz, d’avoir à chaque fois nettoyé nos plages des débris des navires échoués ? Et ce, en quelques heures seulement de peur que la maréchaussée ne se saisisse de leur butin. Va doué, quelle efficacité !
Les naufrageurs
Ancré au village de Meneham
Si la figure du naufrageur est commune à bien des régions littorales, il n’en demeure pas moins qu’elle est très attachée à Meneham en Kerlouan. Venez découvrir ce village de paysans-pécheurs-goémoniers qui savaient profiter des cadeaux offerts par la mer après une tempête.
Saint-Frégant horror show
L’œil gobé de Clervie
Il était une fois Clervie, petite sœur de Guénolé, qui s’amusait autour du manoir paternel. Et là soudain, une jeune oie sauvage se jeta sur elle, lui arracha l’œil et gloups… l’avala. Un ange apparu alors à son grand frère, lui ordonnant de rentrer chez sa famille, d’ouvrir le ventre de l’oie, d’en retirer l’œil et de le remettre à sa place sur le visage de la jeune fille. Ni une, ni deux, il s’exécuta et grâce à une bénédiction plus qu’efficace, Clervie retrouva la vue et l’oie la vie. Guénolé, quant à lui, devint non seulement un saint mais aussi le patron des oculistes ! Vous allez nous dire, tout est bien qui finit bien, mais nous sommes certains que vous ne regarderez plus les oies de la même façon…
A noter
Comme les Saint-Fréganais ne sont pas rancuniers et qu’ils ne manquent pas d’humour, ils ont fait de cette oie féroce et gloutonne leur symbole. En plus de la retrouver sculptées dans la pierre sur la fontaine Saint-Guénolé proche du bourg, vous pouvez l’apercevoir sur la porte de l’église paroissiale et sur le blason de la commune.
ribin' de l'imaginaire
L'Œil de Guénolé
En 2022, l’artiste Véronique Matteudi a été inspiré par la légende sélectionné pour les Ribin’ de l’imaginaire. Pour cette occasion, elle a réalisé cette sculpture visible auprès de la fontaine Saint-Guénolé qui guérirait les maux… d’yeux !
Brignogan horror story
Le fantôme du prêtre
C’est l’histoire d’un marin qui, par une nuit très sombre, fut surpris par un violent orage.
Il se réfugia alors dans la chapelle Pol qui se trouvait sur son chemin.
Alors qu’il commençait à s’endormir, il entendit sonner les 12 coups de minuit !
Soudain, deux cierges s’allumèrent et un prêtre apparut. Terrifié, notre marin se recroquevilla dans son coin, osant à peine respirer. Le prêtre attaqua alors la messe : « Introibo at altere dei ». Pas de réponse. Il recommença : « Introibo at altere dei » ; toujours rien. Encore une fois : « Introibo at altere dei », aucun bruit ne résonna dans la petite chapelle côtière. Les cierges s’éteignirent et le prêtre disparut.
Le marin hésita à raconter sa mésaventure de peur qu’on se moqua de lui. Il décida tout de même de se confier au curé de Plounéour-Trez qui lui conseilla de retourner une nuit à la chapelle. Dans cette perspective, le curé l’initia à la messe.
L’année suivante, à la même date que la première fois, le marin retourna à la chapelle. A minuit, les cierges s’allumèrent de nouveau, le prêtre apparut et commença « Introïbo… ». Courageusement, le marin alla se placer à ses côtés et répondit « Ad deum qui laetificat juventutem mean ». La cérémonie terminée, le prêtre le remercia : c’était une âme du purgatoire, obligée de revenir dire la messe dans la petite chapelle à chaque anniversaire de sa mort. Par ses réponses, le marin lui permit d’achever sa pénitence.
En voilà une histoire à vous glacer le sang, non ? Vous ne nous croyez pas ? Vous n’avez qu’à vous rendre à minuit à la chapelle Pol… cap ?
Alors on danse ?
La danse et les neuf filles
Les anciens nous racontent souvent combien les chants, les danses et les amusements étaient mal perçus par l’Eglise, alors ils dansaient en secret tout en respectant les croix et surtout la mort !
Revenant d’une noce à Plounéour, les filles de Brignogan en ont un jour fait les frais !
Elles étaient jeunes et portaient ce jour-là leurs plus beaux habits de fête. Heureuses d’avoir croisé les garçons, et à présent hors de la vue des parents, elles criaient, chantaient et chahutaient. Leurs histoires de filles leurs faisaient presque oublier les croix des chemins et seul un signe rapide interrompait leur discussion lors de leur passage devant les calvaires. Chacune y allait de sa rencontre de la journée. Seule Chanig ne disait rien et le ruban bleu qu’elle portait au poignet intriguait quelque peu ses amies.
Ce ruban venait de Gweltaz et Chanig revivait à haute voix cet instant. Elle aurait tant aimé qu’il demanda sa main ! Soulagée d’avoir dévoilé ses sentiments, Chanig ne tenait plus en place et considérant qu’il était encore tôt, invita ses amies à former une ronde pour danser encore, ce qu’elles firent toutes sans attendre. Elles ne virent même pas le curé et ses deux enfants de chœur qui s’approchaient. Tous trois se rendaient au chevet d’un mourant, équipés d’une croix, d’une clochette et d’une lanterne.
Le curé annonça son passage afin que les filles s’agenouillent en silence, mais rien n’y faisait, elles ne le soupçonnaient même pas.
Exaspéré, le curé passa son chemin, tandis que le corps des filles se figeait et leurs voix s’estompaient dans le lointain.
Le lendemain, à l’endroit de leur ronde, on ne trouva plus que neuf pierres de granit.
Depuis les fleurs de printemps forment des couronnes et on raconte à Brignogan, que, lors des nuits les plus longues de l’année, les neuf filles y dansent encore…
Meneham
Les courges débarquent
Tous les ans fin octobre, une ribambelle de courges se déplace des champs alentours pour envahir le site de Meneham !
Pourquoi et comment sont-elles arrivées là ? Personne ne le sait, mais voilà une bien belle manière de fêter l’automne. Venez déambuler à Meneham dans un décor qui met à l’honneur ces légendaires fruits d’automne !
La fabrique d'imaginaire
Ribin' de l'imaginaire
Après avoir parcouru cette page, il est clair que nous n’avons pas démérité notre nom de « côte des légendes ».
Afin qu’elles ne soient pas seulement des histoires racontées, la Fabrique de l’imaginaire a lancé le projet de les mettre « en œuvre ». C’est ainsi que depuis 2019 des sculptures poussent le long des chemins de randonnée. Toutes liées à une légende du coin !